Samedi 14 janvier
— #localisation de la jouissance dans la psychose

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— #localisation de la jouissance dans la psychose

7h42.

Au lit, réveillée à l’instant par J qui commence tôt. Ce courage, l’admiration que j’ai pour lui. Il  prend son petit déjeuner seul. Je ne lui prépare rien. Attaque de fracassemeur, mais je ne sais déjà plus lequel. J’ai pris le téléphone uniquement pour noter ça et oups, envolé. Ils sont très difficiles à saisir.

7h48, J sort. 

J’éteins la lumière, je ferme les yeux. Saut dans le vide.  

8h42, levée, canapé. Dans la rue un camion lent (camion poubelle ?) 

« Le parlêtre adore son corps, dit Lacan, parce qu’il croit qu’il l’a. En réalité, il ne l’a pas, mais son corps est sa seule consistance – consistance mentale, bien entendu, car son corps fout le camp à tout instant. Il est déjà assez miraculeux qu’il subsiste durant le temps de sa consumation. – Lacan J., Le Séminaire, livre xxiii, Le sinthome, Paris, Le Seuil, 2005, p. 66. » 

L’énigme du corps, Anne Lisy-Stevens

« L’objet n’est pas extrait », « la jouissance n’est pas localisée », disons-nous souvent à propos de cas de psychose. Extraction de l’objet, localisation de la jouissance, retour de la pulsion dans le réel : autant de notions que nous utilisons fréquemment dans la construction des cas ; de même que d’autres, plus proches du dernier enseignement de Lacan : bricolage, invention, arrangements… Comme le fait J.-A. Miller dans le volume Psychose ordinaireon peut généraliser la fonction « localisation » – elle vaut dans les deux axiomatiques :  

« Le corps comme chair, substance jouissante, se trouve affecté par le langage, et il est par là vidé de libido. La libido doit se trouver localisée, sinon elle se déplace à la dérive. Là, on échappe au clivage qui sépare, d’un côté, les troubles du langage, et de l’autre côté, les troubles du corps. Cette thèse est la base même de la clinique borroméenne. »

(…) 

Si la jouissance n’est pas localisée, il faut trouver des moyens de le faire. Il y a alors les modalités d’extraction « sauvage » de l’objet, par exemple dans la mutilation, dans le passage à l’acte. Ou les tentatives de créer un objet extrait, de localiser la jouissance : cela va des enfants qui se « branchent » sur des objets ou des machines, aux douleurs bizarres inexpliquées, les pps, les addictions, qui peuvent être – à voir au cas par cas – des modes de localisation. Ou bien sûr, l’usage ou la fabrication d’objets : l’objet lui-même (cahiers, tableaux, vêtement…) ou le fait de le fabriquer (coudre, peindre ou même chanter) peuvent servir à extraire l’objet. 
 

Peut-être, parlons-nous plus fréquemment des « phénomènes corporels » à propos des psychoses. Et il est vrai que ces notions permettent de lire et de traiter les manifestations psychotiques, le mal et son remède, avec beaucoup de pertinence. Si la jouissance n’est pas localisée, il faut trouver des moyens de le faire. Il y a alors les modalités d’extraction « sauvage » de l’objet, par exemple dans la mutilation, dans le passage à l’acte. Ou les tentatives de créer un objet extrait, de localiser la jouissance : cela va des enfants qui se « branchent » sur des objets ou des machines, aux douleurs bizarres inexpliquées, les pps, les addictions, qui peuvent être – à voir au cas par cas – des modes de localisation. Ou bien sûr, l’usage ou la fabrication d’objets : l’objet lui-même (cahiers, tableaux, vêtement…) ou le fait de le fabriquer (coudre, peindre ou même chanter) peuvent servir à extraire l’objet. Mais, n’oublions pas que, comme le rappelle Éric Laurent dans le même volume, conformément à la clinique borroméenne, « la névrose n’est pas un rapport normal au corps » – ce qui est normal, c’est plutôt que le corps ne tient pas[20]. 

Anne Lisy-Stevens, L’énigme du corps 

*

Sur l’angoisse et le fantasme (qu’il n’y a pas) dans la psychose 

L’angoisse est donc du réel (au sens où comme toute angoisse et pour tout sujet, elle a partie liée avec le réel : « L’angoisse part du réel[41] ») et reste dans la psychose réel « brut », non encadré. J.-A. Miller précise que lorsqu’on a un fantasme, « même quand on est fou à lier, on arrive quand même à s’en tirer, voyez Schreber[42] ». Le sujet paranoïaque en effet parvient à élaborer un fantasme – délirant – avec toutefois cette dimension très spécifique de la certitude du sujet quant à son savoir, quant à sa place d’exception dans le monde, quant à la mission qu’il a à accomplir, etc. C’est ce que souligne encore J.-A. Miller : « La psychose démontre que la non-extraction de l’objet a va de pair avec l’émergence du tout-savoir[43]. » 

(…)  

La jouissance, qui n’a pas de nom, qui échappe au signifiant, se révèle dans la psychose dérégulée, débridée. Donner un nom aux choses innommables qui s’imposent au sujet, aux phénomènes qui le pénètrent, qui le rendent perplexes et l’angoissent, serait ainsi l’une des visées du traitement à opérer avec ces sujets. C’est ce que préconise par exemple E. Laurent lorsqu’il écrit que le traitement des psychoses est dans le fond « une entreprise de traduction constante de ce qui arrive, de ce qui excède la signification[58] ». Il faut, poursuit-il, « aider le sujet à nommer cette chose innommable. Ce n’est pas l’aider à délirer […]. C’est choisir dans le travail du délire […] ce qui va vers une nomination possible[59] ». C’est également dans ce sens qu’A. Zenoni proposait de « lier l’innommable ou l’insupportable à une dimension symbolique et imaginaire[60] ». 

Nommer l’innommable 

E. Laurent qu’il faut aider le psychotique à nommer cet innommable, à mettre du signifiant sur le réel qui a surgi. En ce sens, il faut rappeler les derniers mots du séminaire L’angoisse, de Lacan : « Il n’y a de surmontement de l’angoisse que quand l’Autre s’est nommé[65]. » C’est ce à quoi parvient le paranoïaque. G. Pommier, par exemple, indique : « En nommant, le sujet se retranche de ce réel, qu’il apprivoise ainsi. Dire un mot, c’est scarifier l’angoisse[66]. » Faire passer le réel de l’angoisse au signifiant, ou à la lettre, c’est ce à quoi s’est employé H.P. Lovecraft[67], dont il faut connaître l’œuvre, dans laquelle le terme même d’« innommable » revient avec une fréquence assez remarquable chez cet auteur qui, sans nul doute, pourrait être considéré aujourd’hui comme relevant d’une psychose non déclenchée.  

De sorte qu’on peut dire que l’angoisse psychotique est une conséquence du phénomène élémentaire – signifiant passé dans le réel –, et que si le sujet ne parvient pas à nommer ce qui lui arrive il n’accédera pas à la dimension pacificatrice de la certitude. Car si la certitude peut amener le sujet psychotique à des actes fous ou à l’élaboration d’un délire, il n’en demeure pas moins que lui, le sujet, vit la réponse inébranlable au phénomène comme un allègement, comme un soulagement de son angoisse. Pour le dire autrement et peut-être plus rigoureusement, citons E. Laurent qui donne ici de façon ramassée sa conception de l’angoisse dans une perspective de diagnostic différentiel : « Ne pourrait-on pas dire que pour le sujet psychotique l’affect vient faire certitude comme humeur ? Contrairement à la névrose, il (l’affect) se produit hors du sujet dans un corps purement extériorisé ou dans un autre de pure extériorité. Le quantum d’affect, lorsque le sujet se trouve dans la position psychotique, renvoie aussi bien au quantum de certitude qui affecte le sujet. On croit, dans la psychose, pouvoir mesurer l’affect ; ce que l’on mesure bien plutôt, c’est le degré de certitude[72]. » Dans le débat qui a suivi cette intervention d’E. Laurent, F. Leguil ajoutait, avec pertinence que : « Dans la psychose, lorsque le degré de certitude est tout à fait avancé, et que le sujet peut vraiment témoigner d’un point dont il est sûr, il y a en général très peu d’affect. » L’on pourrait reformuler : dans la psychose, plus il y a certitude, moins il y a angoisse. 

https://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2013-2-page-185.htm 

*

Hier, travaillé toute l’après-midi site de F, après-midi et soirée. Fallait que je résolve le prob. C’est le prob avec ce boulot. Je m’y adonne beaucoup trop totalement. A la fin, étais dans drôle d’état physique. Avec cette crispation à la mâchoire. Cette tension. 

Pour ça que pris 2 gouttes de cbd + hhc. 

16h55 

Quand je suis comme ça, j’aurais besoin qu’on me prenne, qu’on me donne un bain qu’on me frotte frotte, frotte, avec un gant, le corps, qu’on me sèche, qu’on m’habille…  

Encore travaillé das suite de F, ensuite impossible en sortir. Addictif. J’ai expliqué ce midi, à table, que ça devait être comme les jeux vidéos. J dit workoholic.  

Par Iota

- travailleuse de l'ombre

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