C’est dans sa correspondance avec Felice Bauer qu’il déploie de façon précise le plus grand pan de son mal-être. En effet, après avoir formulé sa première demande en mariage explicite dans sa lettre du 16 juin 1913, il enchaîne en dévoilant à sa destinataire une profonde déhiscence en lui:
« La détresse de Franz Kakfa », Jean-Marie Jadin, https://shs.cairn.info/revue-figures-de-la-psy-2007-2-page-143?lang=fr
« Car je ne suis rien, rien du tout […]. Porter un jugement sur les gens et m’identifier à eux, cela je m’y entends un peu […]. Je n’ai aucune mémoire, je ne me rappelle ni ce que j’apprends, ni ce que je lis, ni ce que je vis, ni ce que j’entends, je n’ai de mémoire ni pour les êtres ni pour les événements, je me fais l’effet de rien avoir vécu, de n’avoir rien appris […]. Je ne peux pas penser, en pensant je me heurte continuellement à des limites, je peux encore saisir certaines choses isolées au vol, mais une pensée cohérente et susceptible de développement m’est absolument impossible. En fait, je ne sais pas non plus raconter ; bien plus, je ne sais même pas parler ; quand je raconte quelque chose, j’ai le plus souvent un sentiment analogue à celui que pourraient avoir de petits enfants qui s’essaient à faire leurs premiers pas. »