. parler .

8 septembre 2005 | septembre 2005 | psychanalyse | |

Réenchanter le monde, n’est-ce pas ce qui s’accomplit dans chaque séance de psychanalyse ? On s’abstrait de toute évaluation d’utilité directe dans une séance de psychanalyse. La vérité est que l’on ne sait pas à  quoi ça sert. On se raconte. On écrit un chapitre de son autobiographie. Sauf qu’on ne l’écrit pas. On la raconte, on la narre. C’est l’auto-bionarration, avec ce que cela comporte d’autofiction.

La psychanalyse a partie liée avec la poésie. Une psychanalyse, c’est une invitation à  parler, non pas à  décrire, non pas à  expliquer, non pas à  justifier ou à  répéter, et non pas vraiment à  dire la vérité. Une psychanalyse est une invitation à  parler, purement et simplement, et sans doute pour être écouté.

Jacques-Alain Miller, L’orientation lacanienne III, 5, Un effort de poésie

avant/après, séance – de l’intime

19 décembre 2006 | décembre 2006 | RÊVES, séances | , , , |

abominable rêve cette nuit.

j’ai peine à m’en souvenir. je sais seulement que mon père me demande si… certaines caresses. en fait il ne dit rien, mais je comprends. il a son air plaintif, malade. je m’enfuis. je me dis tout de suite que je ne dirai rien à ma mère. puis quand je la vois, je le lui dis aussitôt. elle me pose des questions, je lui dis que ça s’est déjà passé auparavant, elle me dit qu’elle s’en doutait. c’est tout. 

en me réveillant je me demande si ça s’est vraiment passé, mais je sais bien que non, je me demande à quoi ça correspond, pourquoi ce rêve-là, et si ça n’expliquerait pas « tous mes problèmes ». j’attends de pouvoir le raconter en séance, tout en doutant qu’il puisse en ressortir quelque chose – du moins dans l’immédiat. tandis que je vis une sorte de contentement de ce qu’arrive là quelque chose qui tranche, n’a pas sa place dans mes élucubrations actuelles. ce rêve comporte une certaine honte, honte pour père. l’air de rien, ce rêve bouscule tout. enfin, c’est un grand mot. crée un point de discontinuité dans le courant continu dans lequel je pensais être.

maintenant, c’est juste l’ennui, la fatigue. je sais que j’ai du boulot, un boulot qui me fait un peu peur, parce qu’il prend trop de temps, que j’ai l’impression de mal le faire. je sais qu’il faudrait que je m’y remette une heure aujourd’hui, et je ne suis pas sûre d’en venir à bout. je ne sais pas pourquoi ça coince. techniquement, il y a un problème que je n’arrive pas à résoudre.

la dernière fois que j’avais vu l’analyste, j’avais fait une sorte de résumé/condensé de la situation, partant d’un post que j’avais relu ici, autour de ce qui me réveillait la nuit : le travail et la colère. m’étant apparu que cette deuxième découlait du premier. le travail me servant de prison et la colère venant de la révolte contre celui qui me tenait enfermé.

et curieusement pendant toute la semaine qui a suivi, il me semble m’être éveillée la nuit avec l’idée que ce n’était pas du tout ça, que c’était bien plus vaste, que je me réveillais pour « résoudre les problèmes du monde ».

endormie hier soir en lisant robert walser, que je découvre.

à propos du rêve, peut-être l’ai-je fait suite à ce dont j’ai parlé hier ici, le problème de « l’intime », cet « intime » qu’il m’intéressait d’écrire, mais que je ne pouvais pas dans la mesure où je ne voulais pas y impliquer mes proches. et voilà que je fais un rêve dont immédiatement je me dis que je ne peux pas l’écrire sur le blog.

pendant longtemps, je me suis intéressée aux écritures dites d’autofiction, parce qu’elles étaient à ma portée, aussi parce que s’y disait ce que moi-même il m’intéressait de dire. fascinée de ce que les différents auteurs n’hésitent pas à parler de leurs proches, d’aller même jusqu’à les nommer. petit à petit je m’en suis détournée, m’étant convaincue que je ne pourrais pas, quant à moi, faire de même, que ce « n’était pas ma voie ».

qu’il y ait eu ici la semaine dernière des choses que j’ai pu écrire, mais que je ne me sois pas autorisée à publier, m’a étrangement soulagée, soulagée du « tout écrire ». enfin, je ne suis pas sûre que ce soit de ça qu’il s’agisse, mais il y a eu un soulagement, et cela m’a changée, modifiée. changé, modifié mon rapport à l’écriture. la solution que j’ai trouvée, probablement temporaire, me satisfait. ce plugin de wordpress qui me permet de marquer de façon spécifique du texte que je voudrais réservé à moi seule et qui signale cette réserve au lecteur me convient. qui montre des trous dans l’écriture, et que ces trous soient de mon fait, d’y avoir consenti. j’aurais cependant dû m’en trouver angoissée, puisque j’y prenais d’autant plus de distance avec ce que j’aimerais écrire, avec ce que j’aimerais trouver les moyens d’écrire.

c’est tout la faute à la psychanalyse

la fiction, hélas, n’est pas à ma portée. la solution de la fiction. d’ailleurs, même pas sûr que j’en veuille.

les liens de l’écriture, la pensée, la parole.

la pensée est ce qui donne l’idée, le mirage de la possibilité d’un tout écrire. si de cet attrait je pouvais me détacher, le désir d’écrire peut-être me quitterait. et parler fatigue.

le rêve de cette nuit, rêve freudien du « fantasme de séduction » ?

c’est la pensée, cette nuit, de mon incroyable solitude qui m’a réveillée.

La possibilité d’avoir peur s’approche comme s’approche le vent d’une capitale de province. Tears in my hand.

13 janvier 2009 | janvier 2009 | brouillonne de vie | , , , , , , , , , |

Telepathe – Devil´s Trident (Planning To Rock Remix) from Darío Peña on Vimeo

12.1

Le bruit lent des voitures.

Allongée nue à l’exception de son slip au fond d’une cave sous les couvertures, c’est l’hiver la peau brûle surtout les cuisses. Draps rêches. Cette fois, c’est le soir. De petits cœurs battent faiblement sous la peau, seule la lampe de chevet est allumée. Nul bruit, personne n’habite au-dessus. Elle, couchée sur le dos, éteint. Se tourne sur le côté, visage tourné vers la rue. Écarte d’elle les couvertures. C’est une époque où il n’y a pas encore internet. Songe à JL qui quelque part raconte comment, une nuit après avoir traversé Dieu sait quelle plaine sibérienne, il rejoint une femme qui l’attend dans une grange, la pénètre et fournaise. A la surprise de découvrir une fournaise entre ses cuisses. Elle, glisse une main, s’étonne de la découvrir glacée, entre ses jambes. Frissonne. Ramène le drap sur ses jambes. Ses pensées vont vers Marcel Proust. Elle songe au lit de l’écrivain. Son lit, sa chambre, son asthme, se couche sur le dos, glisse son poing fermé sous son slip pour s’endormir.

Ecrit suite à la lecture de la nouvelle intitulée Le secret du mal de Roberto Bolaño.

Ceux que le désir déserte. (la nouvelle Labyrinthe, fin, Jacques Henric dans le parking pensant à Derrida. Met sa main à son sexe : il bande mais n’éprouve aucun désir.)1

– Voulez-vous effacer définitivement ces 38 documents? – Oui, je le veux.

– love, love, love / night

Notes:
  1. Face à son regard se déploie un monde de contours, un monde de bruits distants. La possibilité d’avoir peur s’approche comme s’approche le vent d’une capitale de province. Henric s’arrête, son coeur s’accélère, il cherche un point de référence, mais si auparavant il était parvenu à entrevoir au moins des ombres et des silhouettes au fond du parking, l’obscurité maintenant lui semble hermétique comme un cercueil vide au fond d’une crypte. Il décide donc de ne pas bouger. Dans ce calme, son cœur peu à peu se rassérène et la mémoire lui apporte les images de ce jour-là. Il se souvient de guyotat, qu’il admire secrètement, en train de draguer ouvertement la petite Carla. Il les voit sourire une fois de plus puis s’éloigner dans une rue où les lumières jaunes se défont et se recomposent par rafales, sans aucun ordre apparent, même si Henric, dans son for intérieur, sait que tout obéit à quelque chose, que tout est causalement lié à quelque chose, que ce qui est gratuit ne survient que très rarement dans la nature humaine. Il porte une main à sa braguette. Ce mouvement, le premier qu’il fait, le fait sursauter. Il bande et cependant il ne ressent aucun genre d’excitation sexuelle.
    Le secret du mal de Roberto Bolaño, « Labyrinthes », pp. 84, 85. []

à la recherche du lien entre la pensée et l’autofiction (véronique s’interroge sur les liens de la pensée, de l’autofiction, du n’importe quoi, de la pulsion, de l’obsession, de l’obsessionalisaion (contemporaine), de l’écriture)

20 février 2009 | février 2009 | le n'importe quoi | , , , |

“ […] l’église, les dessins des vitraux, c’était la Bible du pauvre, pour les gens qui savaient pas lire. Pour moi la télé aujourd’hui, c’est le coran du pauvre.

“ je me voyais plutôt avec MacGyver. Un type qui peut te déboucher les chiottes avec une canette de Coca, réparer la télé avec un stylo Bic et te faire un brushing rien qu’avec son souffle. Un vrai couteau suisse humain.

Al Pachino, je suis sûre que personne pouvait lui tirer son goûter. Direct il sort le semi-automatique, il t’explose le pouce, tu peux plus le sucer le soir avant de t’endormir. Terminé.

Kiffe kiffe demain cité dans L’aventure scripturale au coeur de l’autofiction dans Kiffe kiffe demain de Faiza Guène – mémoire de Nadia BOUHADID

19 février

 » Nous avons quand même décidé de pousser l’analyse plus loin et voir ce que pourrait bien donner notre obstination.

 » […] une écriture qui peint généreusement une complicité sincère entre les mots et la pensée de l’écrivaine. […] L’autofiction […] représente justement cette nouvelle forme d’écriture prônant la liberté du langage non pas par manque de maîtrise mais par essence de la pensée. En effet, l’écriture autofictionnelle permet de toucher la profondeur de l’être par son aspect spontané qui met en confiance un inconscient balbutiant. C’est ainsi que cette nouvelle coloration de l’écriture de soi privilégie le retour du psychologisme sur la scène littéraire en France.

la nature pulsionnelle de la pensée


 » J’aime que ça passe le plus directement possible entre ma pensée et la vôtre, que le style n’empêche pas la transfusion.  » – Hervé Guibert dans Le protocole compassionnel


Que faites-vous en ce moment?

véronique
s’interroge sur les liens de la pensée et de l’auto-fiction
véronique mange des cacahouètes fraîches
véronique constate que son beau pull bleu a rétréci
véronique va se faire un café
véronique a l’intention de parcourir ce mémoire sur le livre kiffe, kiffe demain de faiza guene (l’aventure scripturale au coeur de l’autofiction)
véronique pense que la timidité est méprisable
véronique est tentée de définir la pensée comme ce qui ne cesse pas de s’écrire
véronique et l’autofiction photographique/visuelle? (barthes)
véronique s’interroge sur les liens de la pensée, de l’autofiction, du n’importe quoi, de la pulsion, de l’obsession, de l’obsessionalisaion (contemporaine), de l’écriture
véronique mange une tranche de pain grillé et un morceau de comté
véronique pense à la contingence, s’interroge sur la lutte des classes.
véronique mange une deuxième tranche de pain grillé (sans fromage cette fois)
véronique – l’oralité
véronique – n’importe quoi. une chose qui semble due au hasard plutôt qu’à aucun choix raisonné. dites n’importe quoi, parlez au hasard.
véronique fatigue
véronique travaille. devrait éteindre la lampe de chevet dans sa chambre. fatigue.

_lessismoreisless/toomuchistoomuch//_lesujetdudoute

23 février 2009 | février 2009 | Non classé | |
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(via f3tisha) (via f3tisha)

+ modernité sujet doute pensée

le sujet du doute, le sujet moderne (descartes… le sujet de la pensée)

+ doute modernité

Cependant, la vérité de l’être-moderne tient à l’interrogation, celle en particulier, chez Barthes, de l’imposture : “Et si je me trompais? et si on se trompait?


— De la pensée comme autofiction, Bernard Comment, Le magazine littéraire n°482


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veronique : je veux dormir

+ aléatoire autofiction inconscient réalité écriture automatique spontané

« je n’ai jamais réussi même dans mes rédactions à l’école, à savoir comment j’allais terminer mon récit. Je me suis lancée dedans sans savoir ce que j’allais raconter, quelle serait la fin. […]» Nous réalisons à travers une telle déclaration que Guène s’adonne à l’écriture de l’inconscient à la manière de l’écriture automatique[…]. L’histoire se crée d’elle-même avec aucune prévision, nulle programmation, l’aléatoire y est le seul pivot. En outre, ce coté instinctif de l’écriture coïncide souvent avec les détails les plus simples de la réalité. Guène en fait part également : « Ce qui compte aussi pour moi, ce sont les petites choses de tous les jours. Je trouve d’ailleurs intéressant le regard qu’on porte sur les choses, et c’est ce regard que je fais voir dans mon texte». En effet, dans Kiffe kiffe demain la narratrice évoque souvent des détails de la vie quotidienne qui semblent n’avoir aucun rôle dans la progression de l’histoire mais qui représentent des ingrédients parfumés d’un moment présent. Guène nous a bien montré que la vie n’est pas vue seulement à travers les moments forts mais la réalité devient plus réelle à l’évocation des détails de la vie les plus insignifiants. Donc, Kiffe Kiffe demain, récit spontané soumis à la force libératoire de l’inconscient ne donnerait-il pas l’une des plus belle forme de l’autofiction ? Car justement l’autofiction se développe dans cet « espace sans limites et comme indéterminé de la littérature moderne».

(via f3tisha)

Essai sur l’autofiction Il s’agissait donc d’intégrer le discours de l’inconscient dans les écrits autobiographiques afin de parvenir à la réunification ou plutôt à la coexistence d’un Moi. Sans forcément transformer l’écrit autobiographique en divan psychanalytique, il fallait s’efforcer de faire surgir ce que Sarraute appelle des “tropismes” et Perec “ces brumes insensées où s’agitent des ombres”; créer une voix qui soit autre.
+ ∞
too much / not enough

+ autofiction inconscient spontané ivresse désordre
L’autofiction doubrovskyenne ou stylistique (Laurent Jenny), lâche ainsi la bride du langage et se donne aux sensations déchainées d’un inconscient spontané, seule l’écriture rendrait ainsi compte d’une réalité foisonnante de détails subtils. Ainsi, à la différence de l’autobiographie mise au crible de la conscience, l’autofiction serait « l’autobiographie de l’inconscient». L’écriture autofictionnelle est donc d’une inspiration psychanalytique, c’est une écriture associative, écriture de cure, une écriture de confession et de confidence où se donne à nue une profondeur d’un Moi en émoi. C’est ainsi qu’écrire une autofiction ne nécessite pas d’avoir une vie exceptionnelle ou un style littéraire admirable. Mais, il suffit juste de savoir s’abandonner entièrement à l’ivresse de l’écriture sans même chercher à se relire ainsi qu’à la manière des surréalistes, écrire le moment présent, retracer ses souvenirs, peindre ses fantasmes en soumettant le tout à la logique du désordre de la mémoire. Toutefois, par son souci de simplicité et de spontanéité accrue ainsi que son ouverture à un large public, l’autofiction se retrouve souvent qualifiée de genre bas «presque infra-littéraire, à la portée de tous les inconscients et de toutes les incompétences stylistiques». L’absence de soin d’écriture et la valorisation d’un langage débridé ont poussé certains à la qualifier encore de «genre pas sérieux». L’aventure scripturale au coeur de l’autofiction dans Kiffe kiffe demain de Faiza Guène

+ autofiction impossible écriture lieu énonciation
L’autofiction, c’est transposer sa vie dans le champ de l’impossible, celui de l’écriture, un lieu qui n’aura jamais lieu… C’est, en quelque sorte, l’énonciation elle seule qui est fiction dans le livre.
— Céline Maglica, « Essai sur l ‘autofiction », art. en ligne : http://www.uhb.fr/alc/cellam/soi-disant/01Question/Analyse2/MAGLICA.html

+ décentré torsion
«le discours décentré» : «Tout texte qui, par rapport à une langue commune et une culture centripète, maintient des décalages idéologiques et linguistiques. Il s’agit de textes qui sont produits à l’intérieur d’une culture par des écrivains partiellement exogènes à celle-ci, et dont le débord (à la fois celui du texte et celui de l’écrivain) exerce une torsion sur la forme et la valeur canoniques du message».


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(via f3tisha)
(via f3tisha)
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les gangs

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Feb 21 2009 ∞
triste à mourir, je bois du mauvais vin

+ ∞ Doubrovsky autofiction hors-temps séduction Céline Maglica
Et si le travestissement, le déballage, l’hybridation étaient les seuls instruments de la vérité autobiographique ? Et si pour séduire le lecteur, il fallait le brusquer, le désarçonner, le déposséder de son statut plutôt que de le flatter ? Et si toute quête de soi ne pouvait être que métatextuelle ?
Et si Doubrovsky avait raison ?
L’autofiction n’est pas du temps retrouvé mais du temps créé : les ” je ” qui ne sont pas tout à fait Moi se disent dans un hors–temps salvateur qui les réunit et les écoute par le biais du lecteur – complice. Le “sujet toujours en défaut” a trouvé sa place ou une place dans le livre. —
Essai sur l’autofiction, Céline Maglica
C’est drôle qu’une fois de plus reviennent ici des termes, parlant de l’autofiction, qui sont ceux qui me turlupinent pensant aux blogs : séduction, certainement ; présence (dite complice) du lecteur qui quant à moi me rendrait plutôt parano, mais on la vu aussi avec comment s’appelle-t-elle déjà, bon, je dirai XY; enfin, hors-temps, appelé ici temps créé, c’est joli, quand je pencherais à penser à du temps perdu – à ce temps vertical, aussi, celui que j’ai parfois appelé le temps de la jouissance.
+ ∞ Jacques Brou pensée
#226 Jacques Brou est un auteur on ne peut plus singulier, qui travaille sur les flux et reflux de la pensée. C’est leur restitution qui compose ses livres. Si vous n’avez jamais lu Jacques Brou, vous manquez quelque chose. Quelque chose comme une expérience de lecture infiniment particulière. Son dernier opus, La machine à être, 773 paperolles trouvées dans la poche d’un homme…
La suite sur le site de Chloé Delaume et puis aussi, ce lien, qu’elle signale sur les 21 premières pages de La machine à être…
je pense que c’est magnifique (et à novarina) mais comme je suis moi-même très triste, je suis triste, aussi, de ce triste texte, je suis triste pour cet homme triste et je suis triste de ma triste tristesse. je pourrais être heureuse qu’il y ait quelqu’un de triste de presque aussi triste que moi, mais qui le dit bien, des années et des années dites, de tristesse. et je crains de ne pouvoir acheter ce livre qui risquerait de me. ou peut-être, qu. Comments not allowedAjouter au panier

Fev 22 2009


l’écriture n’est pas la vie

En effet, l’autobiographie – comme Philippe Lejeune l’a démontré – s’établit sur un pacte entre auteur et lecteur, l’un s’engage à dire le vrai, l’autre à le croire. Elle se situe donc sur un axe de vérité.
Céline Maglica, Essai sur l’autofiction
L’autofiction c’est le genre qui affirme que l’autobiographie est impossible, que c’est une illusion de croire qu’on va pouvoir faire adhérer vie et récit de vie. Si l’autobiographie instaure un pacte de confiance avec le lecteur, l’autofiction, elle, invente un nouveau genre de pacte, un pacte de défiance assumée: « lecteur, ne me crois pas. Ne sois pas assez naïf pour adhérer, ne sois pas dupe. L’écriture n’est pas la vie. » D’où, sur toutes les autofictions (chez Guibert par exemple), cette mention « roman » en couverture. C’est en ce sens que le terme d’autofiction devient synonyme de littérature.
Marie Darrieussecq, “Je est unE autre, ou pour qui elle se prend.”
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(via f3tisha)
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(via f3tisha)
+ ∞ autofiction impossible lieu écriture énonciation


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Car on ne détruit pas ce qui semble déjà détruit
Ce que je fiche II, Stéphane Bérard. Sortie : octobre 2008 Format : 15x21 cm Nombre de pages : 196 Prix : 21 eurosIsbn : 9782847619063 Ascenseurs-jardins, autoroutes de l’information, mutuelle pour les artistes… :  art, architecture, design, urbanisme, religion, économie…187 propositions (notes, croquis, schémas, courriers, photographies, pièces réalisées ou en cours de développement) rassemblées sous une forme mobile, synthétique et manipulable.


Ce que je fiche II, Stéphane Bérard. LIVRE Sortie : octobre 2008 Format : 15×21 cm Nombre de pages : 196 Prix : 21 euros Isbn : 9782847619063

Feb 20 2009
autofiction lecteur pacte séduction Céline Maglica
Si ce projet (l’autofiction) plaît malgré tout, si de plus en plus d’étudiants consacrent des années de recherches à cette notion, c’est qu’elle fait plus qu’établir un pacte de lecture – devenu obsolète -, elle revendique un mode de séduction. Le lecteur fait partie intégrante du livre, il est pris dans la fiction, dans cette voix qui se disperse. Ainsi, l’autofiction ne fait pas que briser les catégories fermées ou ébranler les codes de l’autobiographie : elle renouvelle le pacte et le mode de lecture. […]


Essai sur l’autofiction, Céline Maglica

il s agissait donc d intégrer le discours l inconscient

23 février 2009 | février 2009 | Cut&Paste | |
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Autofiction en question


Essai sur l’autofiction

Céline Maglica

L’autofiction veut relayer voire sauver l’autobiographie des impasses dans lesquelles cette dernière s’était engouffrée. Comment dire le vrai en ayant pour instruments la mémoire et l’écriture ?  »  Les bons outils font les bons ouvriers… « , cet adage vieux comme le monde a effleuré les esprits de bien des autobiographes qui avaient conscience des difficultés, des obstacles auxquels leur projet se heurtait. En effet, l’autobiographie – comme Philippe Lejeune l’a démontré – s’établit sur un pacte entre auteur et lecteur, l’un s’engage à dire le vrai, l’autre à le croire. Elle se situe donc sur un axe de vérité. Or, on sait désormais de façon précise grâce aux travaux de Freud et de la psychanalyse que dire la vérité ne peut être qu’une intention et non une réalité. Il s’agissait donc d’intégrer le discours de l’inconscient dans les écrits autobiographiques afin de parvenir à la réunification ou plutôt à la coexistence d’un Moi. Sans forcément transformer l’écrit autobiographique en divan psychanalytique, il fallait s’efforcer de faire surgir ce que Sarraute appelle des « tropismes » et Perec  » ces brumes insensées où s’agitent des ombres  » ; créer une voix qui soit autre. Dans Enfance, Sarraute met en scène directement cette autre voix qui conteste, ironise ou s’accorde avec la voix de la narratrice. Perec fait alterner dans W ou le souvenir d’enfance deux récits, l’un qualifié d’autobiographie, l’autre d’imaginaire, c’est – à – dire deux voix qui, en fait, disent la même chose : le silence, le blanc fondateur, situé au milieu du livre, au milieu de ces deux voix.

L’autobiographie visait à assurer la cohérence du Moi. Il fallait maîtriser le cours d’une vie ou tenter de le faire par le geste même de l’écriture. Le contenu permettait au scripteur de se dire, le discours sur soi était monologique et solitaire.

Et Doubrovsky fut !

En inventant le concept de  »  fiction d’événements réels « , –  »  histoire qui n’a jamais eu lieu dans la réalité, dont le seul réel est le discours où elle se déploie  » – Doubrovsky a révolutionné les catégories littéraires en annexant une place tenue jusqu’alors pour irrémédiablement vide. Comment fiction et autobiographie peuvent – elles coexister ?

Si l’autofiction n’est pas se mettre en fiction, c’est-à-dire romancer sa vie, alors qu’est –ce ? Et puis ce Doubrovsky qui étale ses pantalonnades et ses premières érections, qui ose affirmer qu’il tue une femme par livre, n’aurait-t-il pas dû s’en tenir à Corneille et à sa dialectique ?

Bref, un vent frais et piquant souffla sur la littérature, soulevant au passage quelques tas de poussières ancestraux et quelques jupes printanières…

Après avoir fait l’objet de critiques, l’autofiction devient LE sujet critique. Personne n’est d’accord. Genette méprise le terme au point de ne pas l’associer à Doubrovsky, quand il daigne en parler ; les plus sceptiques disent que le concept n’est valable que pour Doubrovsky ; les rhéteurs affirment que cela a toujours existé…les plus mauvais crient au scandale.

Bref, on ne peut dire que Doubrovsky et son autofiction aient suscité un enthousiasme général.

Souvent jugée sur son contenu plus que sur sa forme ou le projet qu’elle sous – tendait, l’autofiction n’a pas été comprise. Usant principalement d’un cadre dialogique, elle met en scène une parole dont le discours est polyphonique. L’autofiction est écriture du fantasme au sens où elle permet à un auteur de dire tous ses Moi en même temps, elle fait une place au Je fragmenté de l ‘écrivain. Fantasme aussi de la présence fusionnelle avec les parents morts dans un texte qui leur redonne voix ; fantasme non d’une cohérence du Moi impossible mais d’une coexistence fulgurante qui n’existe que dans les mots.

La fiction dans ce terme d’autofiction n’est pas sur le plan de l’identité  mais au niveau de la structure dans laquelle naît une voix impossible. Tout est vrai dans l’autofiction, rien n’est inventé, tout est créé. L’être de papier fanfaronne, gesticule sur la scène autofictionnelle : il ne pourra jamais avoir lieu dans le réel, dans la vie. L’autofiction n’est pas une fictionnalisation de soi : se fictionnaliser, c’est partir de soi pour créer une existence autre, c’est transposer son être dans le champ des possibles qui pourraient / auraient pu avoir lieu dans la réalité.

L’autofiction, c’est transposer sa vie dans le champ de l’impossible, celui de l’écriture, un lieu qui n’aura jamais lieu…C’est, en quelque sorte, l’énonciation elle seule qui est fiction dans le livre.

 » Indécidable « ,  » inclassable « , l’autofiction agace le critique, d’autant qu’elle contient sa propre critique grâce à l’utilisation du dialogisme : d’emblée, elle le fait taire.

Si ce projet plaît malgré tout, si de plus en plus d’étudiants consacrent des années de recherches à cette notion, c’est qu’elle fait plus qu’établir un pacte de lecture – devenu obsolète -, elle revendique un mode de séduction. Le lecteur fait partie intégrante du livre, il est pris dans la fiction, dans cette voix qui se disperse. Ainsi, l’autofiction ne fait pas que briser les catégories fermées ou ébranler les codes de l’autobiographie : elle renouvelle le pacte et le mode de lecture. Elle lutte contre le langage en essayant de lui faire dire ce qu’il s’obstine à taire, à force d’exhibition, de jeux de mots, de connotations, de résonances.

Et si le travestissement, le déballage, l’hybridation étaient les seuls instruments de la vérité autobiographique ? Et si pour séduire le lecteur, il fallait le brusquer, le désarçonner, le déposséder de son statut plutôt que de le flatter ? Et si toute quête de soi ne pouvait être que métatextuelle ?

Et si Doubrovsky avait raison ?

L’autofiction n’est pas du temps retrouvé mais du temps créé : les  » je  » qui ne sont pas tout à fait Moi se disent dans un hors – temps salvateur qui les réunit et les écoute par le biais du lecteur – complice. Le  » sujet toujours en défaut  » a trouvé sa place ou une place dans le livre.

Se mettant à nu et raillant leur propre exhibitionnisme, les autofictionnistes créent des textes qui désirent le lecteur. Prenant pour matière les impasses même de l’autobiographie, les auteurs ne livrent plus des confessions mais chuchotent des confidences. Pas de mimétisme mais un érotisme du langage – entre voile et dévoilement – qui aguiche le lecteur. Celui – ci se surprend à baisser le regard en rougissant ou à rendre son sourire à ces textes faits de paillettes et de silences avec lesquels il passera le reste de sa vie.

Céline Maglica, étudiante en Lettre Modernes.D.E.A sur l’écriture autofictionnelle de Doubrosvky à l’Université de Dijon.

CURRICULUM VITAE

Nom : MAGLICA

Prénom : Céline, Annick, Muriel, Dragica, Nathalie.


Cursus scolaire :

1994 : Baccalauréat littéraire, section A 1, mention Assez Bien.

1995 – 1996 : Hypokhâgne et khâgne au lycée Carnot à Dijon. Présentation au concours de Fontenay Saint – Cloud.

Obtention par équivalence du DEUG de Lettres Modernes.

1997 : Licences de Lettres Modernes à l’université de Bourgogne. Mention Bien.

1998 : Maîtrise de Lettres Modernes sous la direction de Jacques Poirier.

 » La question de l’autofiction à travers les œuvres de Nathalie Sarraute  » Enfance « , Georges Perec,  » W ou le souvenir d’enfance  » et Serge Doubrovsky,  » Fils  » « .

1999 : Obtention du concours du CAPES de Lettres Modernes.

2000 : préparation à l’Agrégation

2001 :première année d’enseignement au collège DENFERT – ROCHEREAU à Auxerre et D.E.A sur Doubrovsky en préparation.

Loisirs :

– Pratique de la photographie, présentation lors d’expositions.

lecteur, ne me crois pas.

23 février 2009 | février 2009 | Non classé | |

Marie Darrieussecq: Je est unE autre1

[extraits]

fantasme Pour moi l’autofiction c’est ça : un fantasme filé sur la page, sous mon nom, dans ma peau, mais une peau de papier, une peau mentale. « Cet Autre, l’homme qui écrit », dit Cendrars (223).

nom propre – L’usage des initiales au lieu du nom complet (« B.C. » chez Cendrars, « H.G. » chez Hervé Guibert) indique déjà toute une gradation dans l’inscription du nom propre.

personnage – L’autofiction, c’est se prendre soi-même comme personnage de roman, c’est aussi se prendre pour un personnage de roman.

invention – L’autofiction, c’est la vie qu’on s’invente quand la vraie vie est trop pénible (Cendrars dans les tranchées), trop triste, ou simplement trop ennuyeuse.

le rebut de la croyanceL’autofiction, c’est le paradoxe du menteur en littérature. Tout au rebours de ce que Lejeune décrit comme un pacte autobiographique : « je vous raconte la vérité et je vous demande de me croire », l’autofiction ne demande pas la « croyance », elle invite même à s’en défier. La « case aveugle » est donc remplie.

révolution – Affirmer que la littérature est au-delà de ça, que les mots ne servent pas à coller au réel. C’est plus révolutionnaire qu’on ne pense, comme démarche.

 

 


les proches – Il y a tout un travail à faire pour préparer ses proches aux livres. Ou alors on décide de s’en moquer, mais tous les malentendus sont alors possibles. J’ai en tête, par exemple, un livre où il y aura un personnage de père assez problématique, et pour le coup nourri par certains aspects de mon père. Dois-je attendre la mort de mon père pour l’écrire ? Le mieux est de s’en remettre à cet oubli particulier que l’on ressent quand on écrit, où on ne pense à rien d’autre qu’à la page, qu’à l’univers que l’on bâtit ; et tenir bon ensuite, au moment de la relecture.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que la littérature a tous les droits, et j’ai toujours veillé à ne pas, disons, agresser mes proches délibérément. Si le personnage lui-même croit se reconnaître, tant pis.

sans filiation – Pour écrire vraiment il faut se débarrasser de l’éternelle « lettre à la mère » ou « lettre au père » (voire de la lettre au fils ou à la fille). Il faut renaître comme écrivain, sans filiation. Mon nom, pseudonyme ou pas, c’est moi qui me le suis donné par l’écriture. Je crois que c’est aussi une des choses que dit l’autofiction : même si je raconte ma vie, c’est une vie de fiction. C’est la vie que je me suis donnée.

Pour un écrivain, je pense qu’il n’y a de pacte que de lecture.

A part sans doute le Pays, je n’ai jamais écrit d’autofiction.

lecteur, ne me crois pas. – L’autofiction c’est le genre qui affirme que l’autobiographie est impossible, que c’est une illusion de croire qu’on va pouvoir faire adhérer vie et récit de vie. Si l’autobiographie instaure un pacte de confiance avec le lecteur, l’autofiction, elle, invente un nouveau genre de pacte, un pacte de défiance assumée: « lecteur, ne me crois pas. Ne sois pas assez naïf pour adhérer, ne sois pas dupe. L’écriture n’est pas la vie. » D’où, sur toutes les autofictions (chez Guibert par exemple), cette mention « roman » en couverture. C’est en ce sens que le terme d’autofiction devient synonyme de littérature.

Notes:
  1. Conférence prononcée à Rome en janvier 2007 et publiée dans: Ecrire l’histoire d’une vie, sous la direction de Annie Oliver, edizioni Spartaco, Rome, settembre 2007. []
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